Enfin le trône ?
Le rap game est un univers impitoyable et faire du bon rap ne suffit pas forcément pour percer... Nessbeal fait parti de ces rappeurs talentueux qui n'ont pour l'instant jamais percé. Après deux très bons solos La Mélodie des Briques et Roi sans Couronne et un R.S.C. Sessions perdues très sympa, Nessbeal nous revient avec un opus presque éponyme NE2S. Possédant un grand succès d'estime, notamment grâce à ses morceaux très sombres et ses rimes affutés, mais un succès commercial très faible, celui qui a eu Lunatic pour centre de formation revient avec l'espoir d'obtenir enfin le trône qui lui est dût.
Toujours accompagné de Skread à la prod, notre Dicidens nous livre un premier extrait assez prometteur avec Ca bouge pas, un son certes plus dancefloor qu'à l'accoutumé, mais qui au moyen de rimes puissantes « fracasse les reins comme Lionel Messi ». Après les premières promesses faites par cet opus, il est temps de se plonger complètement dedans.
Certifié Classique introduit magnifiquement cet album. Un beat sombre et entrainant, une avalanche de punchlines, …, ce premier son n'est pas sans rappeler Rimes instinctives qui avait introduit son précédant opus, avec en prime un pique pour Youssoupha (dont on aurait quand même pu largement se passer) qui va permettre de faire un peu plus de buzz pour cet album. Le côté sombre du MC est encore présent dans le son d'après, A chaque jour suffit sa peine, au moins niveau lyrical, artistiquement c'est différent, un refrain vocodé et une instru tendance, on croit retrouvé le Skread de l'album d'Orelsan. Malgré ça, le son devrait réussir à contenter au moins partiellement les fans de la première heure et bien plus même.
On pense donc à ce moment que l'artiste va encore tenir ses promesses et nous livrer un album de bonne facture (quoi que plus commercial qu'à son habitude) , mais c'est sans compter sur le quatrième titre de ce skeud : After. Dans ce son, fini la sombreur, on tape dans le festif le plus formaté, tant niveau texte que flow et beat. On pourrait croire à une erreur de parcours, mais, Au Bout de la Route est de la même trempe, formaté tant lyricalement que musicalement et l'invitation de La Fouine sur la track va bien dans ce sens. On commence donc à comprendre ce qui va réellement se tramer sur ce disque : las de ne pas vendre et dans un contexte de grande morosité de l'industrie du disque, Ness avec la complicité de Skread a donc décidé de céder à l'appelle du commercial formaté et de falsifier son style....
I.S.L. feat. Bradley Jones et Ma Grosse feat. Orelsan, entre vocoder, beat electro et textes simplistes, ne sont vraisemblablement pas présents afin de remonter le niveau de l'album, pour notre plus grand malheur.
Le reste n'est pas complètement mauvais, mais ne restera pas dans les annales. Papa Instable, La Traversée du Désert, Je vole Au dessus de ça avec Isleym, Bouteille à la Mer feat. Evaanz, Balles Dans le Pied ou encore Poussières d'Empire feat. Indila, toutes ces chansons pourraient être bonnes, même très bonnes, les textes sont loin d'être ridicule et le côté du rappeur s'exprime au moins en partie, pourtant faute à des instrumentales trop formatés, des refrains trop chantés,.... bref fautes à plusieurs éléments faits pour que ces chansons sonnent grand publique, celles ci sont globalement trop moyennes.
Mention bien quand même à NE2S qui nous prouve que le MC est encore capable de très bien faire quand il le veut, surement le meilleur son avec l'intro, mais pas assez pour sauver cet album.... Malheureusement.
« La concurrence j'lui laisse les vocoders » disait l'artiste dans son précédant disque, la déception est donc de taille. Cette synthèse entre formaté pour plaire au plus grand nombre et le côté sombre de Nessbeal sonne trop brouillon et incohérant par rapport à ses anciens projets tant en solo qu'avec Dicidens. Mention spéciale à Skread qui nous avaient habitué à bien mieux niveau beats.
Le MC a toujours rappé pour le fric, on l'a toujours su et on ne peut pas lui reprocher cette facette, car après tout le succès d'estime ne paye pas les factures, mais on était très loin de s'attendre à ça ! A défaut d'obtenir le trône artistique auquel il aurait pu prétendre, le rappeur avec cet album a de bonnes chance de réaliser son voeux le plus cher : obtenir un disque d'or, car, on ne doute pas que les radios devraient suivre. A ne pas douter, une grosse claque pour les fans de la premières heures, même si après plusieurs écoutes on se rend compte que la majorité des textes sont biens écrits (bien que certains plus qu'immonde).
Bref, maintenant la question est de savoir si comme Panthéon de son ex-mentor B2O, cet album marquera un vrai tournant artistique dans la carrière de NE2S ou s'il ne s'agit que d'un essai éphémère à un autre genre.
11/20